Chenonceau retrouve son apothicairerie

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Publié le: 07-08-2024

Un ébéniste a travaillé 3 ans à la restauration d’une apothicairerie, monumental meuble qui se découvre aujourd’hui au château de Chenonceau.

Une pièce comme ça, c’est quelque chose qu’on ne rencontre même pas une fois dans sa vie. C’est l’œuvre d’une vie ! Fabrice Hulak mesure sa chance, et le travail qu’il a accompli pour restaurer l’ensemble monumental en bois de l’apothicairerie de la reine, nouvelle salle présentée aujourd’hui au château de Chenonceau et qui ouvre au public samedi.

Le menuisier ébéniste installé à Azay-sur-Cher depuis une quinzaine d’années intervenait ponctuellement au château pour des réparations. Mais là, c’est une autre histoire.

Trois ans de travail L’apothicairerie existait à Chenonceau sous Catherine de Médicis. Depuis longtemps, la conservatrice du château, Laure Menier, cherchait à la recréer. Il y a 3 ans, elle eut l’opportunité d’acquérir un tel équipement d’époque vendu par un palais de Florence. Les neuf éléments en bois de 3,80 m de haut et 1,80 m de large ont été livrés à Chenonceau, accompagnés de quatre cartons avec des morceaux… Un vrai puzzle.

Fabrice Hulak, aidé de son ancien maître d’apprentissage Patrice Goujon de Bléré, s’est mis à la tâche à l’automne 2016. Il n’y avait pas de plans. « Il n’y avait même pas une photo de ce qu’il y avait au départ en Italie », ajoute l’ébéniste. Il a fait des recherches d’autant que des modifications avaient été réalisées au fil du temps.
L’apothicairerie a été recréée dans le bâtiment des dômes, où elle existait à la Renaissance. Il a fallu faire des gabarits des meubles pour adapter la pièce, composer avec les poutres au plafond, refaire les moulures, retrouver les pièces qui pouvaient correspondre à l’original, supprimer les modifications pour revenir au meuble de la Renaissance.

L’artisan a travaillé en moyenne trois jours par semaine « et quelquefois deux semaines d’affilée » sur ce projet. Dans le même temps, il avait aussi les autres chantiers de son entreprise à assurer !
« Le plus long a été de tout décaper, d’enlever le vieux vernis, de remplacer ou recoller les petits morceaux de motifs, des feuilles d’acanthes cassés. C’est un travail de précision. Il a fallu restructurer les meubles, refaire 400 mètres de moulures mais aussi les portes. Il a fallu presque deux ans pour avoir tous les éléments refaits avant de monter l’ensemble. »

Tout est fait à l’atelier, préparé dans une pièce dédiée au château avant d’être monté sur place. Tout le corps des meubles est en chêne et les façades en noyer. Les verres des portes, soufflés à la bouche comme à l’époque, ont été commandés à Lyon.
Fabrice Hulak a également fabriqué tout l’habillage de la pièce. Il a aussi restauré un immense buffet Renaissance en palissandre et noyer de 3 m de haut sur 3 m de large. Là, il a fallu trois mois de travail… seulement !